En 1971, la décision prise, sans concertation préalable, d’agrandir de 14.000 hectares le camp militaire du Larzac (créé en 1902, sur 3.000 hectares), provoque d’abord une vague unanime de protestations en Aveyron. Très vite, les notables locaux se mobilisent, en espérant une solution à l’amiable, jugée finalement inacceptable par les paysans du Larzac. Ces derniers (103 familles concernées) prennent alors l’engagement de ne rien céder sous la contrainte (Serment des 103), et optent pour des formes d’action non-violente. Ils bénéficient du soutien de syndicats, de partis politiques et d’autres mouvements de la société civile, coordonnés à travers quelques cent cinquante « comités Larzac » à travers la France. D’abord locale, puis nationale, cette résistance a vite connu un écho international.
Pour mobiliser l’opinion publique, les dix années de résistance (1971-1981) sont ponctuées de grands rassemblements, mais aussi de très nombreuses manifestations, de blocages de manœuvres militaires, de « montées » sur Paris (avec des brebis, puis en tracteur, puis à pied), de jeûnes publics, d’entraves aux enquêtes administratives, de recours juridiques systématiques, d’actions de désobéissance civile (refus 3% de l’impôt, collecté par l’APAL ; renvois de livrets militaires), d’un séjour en prison pour vingt-deux personnes. La création d’un journal mensuel (Gardarem lo Larzac) permet d’informer régulièrement le mouvement de soutien. Cette résistance consiste par ailleurs à reconquérir les terres agricoles peu à peu désertées, en construisant des bergeries sans permis, en achetant collectivement des terres convoitées par l’armée (Groupements Fonciers Agricoles), en installant de nouveaux agriculteurs sur des terres abandonnées, en soutenant des occupations illégales de bâtiments, en cultivant les terres acquises par l’Etat, etc. L’armée ne réussit pas à acquérir à l’amiable plus de 40 % des terres convoitées. Après avoir longtemps tergiversé, l’Etat finit par utiliser la contrainte juridique de l’expropriation, ce qui a pour effet, inverse à celui recherché, de relancer le soutien extérieur. En 1981, l’élection de François Mitterrand comme président de la République met fin au projet d’extension. |
Vidéos INA :
12 août 1977 (http://www.ina.fr/video/CAA7700259401)