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Gardarem lo Larzac, le bimestriel d’information du Larzac, est construit autour de cinq thèmes :
- le Larzac aujourd’hui,
- l’environnement,
- le développement rural,
- la solidarité nationale et internationale,
- les débats d’idées.
Le comité de rédaction reste particulièrement vigilant quant à l’équilibre de ces différentes rubriques.
C’est ainsi que le lecteur passera de la dernière installation sur le plateau à un reportage chez les Sans-Terre du Brésil, d’une réflexion sur le tourisme vert à une étude de la situation en Palestine, du compte-rendu d’une opération anti-OGM à celui de la participation d’une délégation larzacienne au Forum Social Mondial de Porto Alegre.
La volonté de la rédaction est en effet d’être tout à fait engagée sur un territoire, tout en restant en permanence ouverte à d’autres problèmes, d’autres luttes, rarement traités par les « grands » médias.
EDITO juillet-août 2024 :
Vaille que vaille : bis repetita
Oui, vaille que vaille nous tiendrons le gouvernail. Vaille que vaille nous affronterons la tempête et les naufrages. Malgré la tentation de jeter les chaloupes à l’eau pour gagner les rivages d’une île au large de l’espoir. Notre société en crise est secouée de mouvements telluriques qui nous font vaciller. Cette croyance obstinée au salut par la croissance et dans l’impunité de la prédation nous rend malade. Il y a déjà bien trop longtemps que nous nous perdons dans l’abondance de nos conquêtes et de leurs conséquences immédiates : la destruction, l’égarement, le mal être, la perte de sens. Tellus, déesse romaine de l’esprit souterrain qui détient des pouvoirs de vie et de mort se déchaine pour nous secouer, nous réveiller, nous sortir de ce cauchemar qui se présente sous les apparats d’un rêve de toute puissance. Non, nous ne sommes pas tout puissant. Nous sommes mortels, inévitablement mortels. Et la vie humaine, comme toute vie, pourrait atteindre son terme.
Tout cela nous le savons, nous l’entendons, nous le lisons jour et nuit et chacun y va de son exhortation, de son analyse, de son explication, moi comme les autres. Donner un sens à ce que l’on traverse, y trouver une ligne directrice, étudier le symptôme pour trouver la pathologie et ensuite le remède. Et envisager l’avenir. Pour autant, ce qui importe aujourd’hui, c’est le présent, c’est maintenant, au milieu de la peur et de la tristesse que nous devons nous questionner sur ce que nous voulons.
Le choix électoral qui fut fait lors des dernières élections est peut être un choix de colère mais il est surtout voie royale pour une aggravation fulgurante des ravages écologiques, sociaux et démocratiques.
L’heure est grave. Il est plus que temps de construire des réseaux de résistances, de retisser le maillage du filet de notre humanité et trouver comment entrer ensemble dans l’a-venir. Cela demandera sûrement des efforts, une lutte pied à pied sur le terrain, la construction de digues contre la folie haineuse qui monte et l’invention de nouvelles alliances pour bâtir un front nouveau. La théorie du chaos ou la physique quantique démontre que l’infiniment petit peut avoir des effets incroyables sur l’entière réalité. Chacun d’entre nous peut donc changer le monde, petitement mais définitivement. Quelque chose au fond de nous le sait. Malgré l’effondrement, malgré les champs de ruines qui encombrent nos cœurs et nos esprits, quelque chose au fond de nous, continue obstinément de le savoir. L’important n’est pas de porter la flamme jusqu’au bout. L’important c’est de ne pas la laisser s’éteindre.
Solveig Letort