La section de la Ligue des droits de l’homme de Millau entend exprimer sa profonde inquiétude face à la violence actuelle au Proche-Orient, à ses échos dans le monde et dans notre espace public.
L’horreur des bombardements à Gaza et le durcissement d’une offensive conduite par un gouvernement israélien d’extrême droite, violent le cessez-le-feu et le droit international. Si cette offensive n’est pas arrêtée, elle aboutira à l’annexion de l’enclave et entrainera l’inévitable conséquence du départ forcé de sa population. Dans le même temps, la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie constitue une autre violation flagrante du droit international de l’avis de la Cour internationale de justice.
L’engagement de la LDH ne s’inscrit ni dans une stratégie de défense communautaire, ni dans une prise de parti géopolitique. Il s’ancre dans une volonté simple : réaffirmer, en conscience, le respect du droit, de l’éthique, et de la dignité humaine pour et dans une Paix juste et durable.
Dans ce combat, nous avons dès le 7 octobre 2023, refusé de céder à la polarisation, qui fragmente le débat et d’opposer les souffrances. Nous affirmons avec force que toutes les vies civiles ont une valeur égale (israéliennes, palestiniennes, juives, musulmanes, chrétiennes, athées, croyantes ou non).
Nous condamnons :
- les attaques terroristes ciblant des civils et en particulier la tuerie barbare perpétrée par le Hamas le 7 octobre 2023 ;
- les représailles disproportionnées que perpétue le gouvernement israélien sur des populations prisonnières dans l’enclave de Gaza et, en particulier, les bombardements indiscriminés qui font des milliers de victimes -morts ou blessés- parmi la population civile, provoquent des destructions massives d’habitations et de bâtiments civils et s’accompagnent de déplacements forcés de la population ;
- l’entrave à l’action des ONG bloquant en particulier l’entrée de l’aide alimentaire qui condamne la population à la mort par famine ;
- l’instrumentalisation politique, médiatique ou religieuse de la douleur des victimes ;
- toute idéologie de rejet, que nous définissons ici comme la négation des droits, de l’histoire ou de la légitimité d’existence d’un groupe humain.
Nous dénonçons également une médiatisation parfois partielle, émotionnelle ou biaisée, qui attise les tensions au lieu d’informer et d’éclairer.
Face à cela, nous appelons à un journalisme rigoureux, respectueux des faits, du droit international, et des responsabilités différenciées des acteurs impliqués. Nous demandons pour cela, que la presse internationale ait accès à l’enclave de Gaza.
Nous reconnaissons que ce conflit oppose des acteurs aux moyens, statuts et responsabilités très inégaux. Dire cela n’est pas prendre parti : c’est nommer une réalité, indispensable à toute exigence de justice. La force ne doit pas l’emporter sur le droit.
Nous appelons à :
- soutenir les ONG humanitaires et les journalistes qui travaillent de manière indépendante dans la zone ;
- exiger des autorités françaises et européennes une diplomatie guidée par le droit et non par les intérêts ;
- préserver, dans notre pays, un espace civique fondé sur le débat, l’écoute et la vigilance démocratique.
Nous devons soutenir avec force l’application du droit international et le rôle des cours de justice régulatrices de l’usage de la force face aux Etats. Les attaques portées contre les cours internationales et les juges sont inadmissibles. La France et l’Union Européenne ne doivent pas manquer à respecter nos obligations internationales.
Ce respect demande des actes concrets, et en particulier la dénonciation publique des crimes en cours et la reconnaissance par la France d’un Etat palestinien.
Enfin, nous invitons chaque citoyenne et citoyen à ne pas laisser la violence contaminer les liens de proximité. Nous croyons à la possibilité d’un engagement lucide, exigeant, républicain et universel, dans le respect du droit et de l’humain.
Section LDH de Millau
19 mai 2025