Le Larzac est vivant, des jeunes dynamiques et des débats d’idées

Sur le plateau, les jeunes gens fraîchement arrivés perpétuent la gestion collective du foncier. Non sans quelques tiraillements, notamment quand l’installation de la Légion étrangère réveille les fantômes du passé. Une histoire du Larzac par celles et ceux qui l’ont vécu, et le vivent encore aujourd’hui.

Marion Renoud-Lias et son compagnon Romain Debord, jeunes agriculteurs venus reprendre une exploitation d'herbes aromatiques et de liqueurs, et membres de la Societe civile des terres du Larzac, posent dans leur champ à Homs, le 12 janvier 2018. | Photo Eric Cabanis / AFP

Marion Renoud-Lias et son compagnon Romain Debord, jeunes agriculteurs venus reprendre une exploitation d’herbes aromatiques et de liqueurs, et membres de la Societe civile des terres du Larzac, posent dans leur champ à Homs, le 12 janvier 2018. | Photo Eric Cabanis / AFP

On a rendez-vous avec Romain Galtier, éleveur à la ferme des Baumes, au nord du plateau du Larzac. La ferme est facile à repérer, les imposants corps de bâtiments accolés à une haute paroi rocheuse percée par un abri troglodytique se voient de très loin. On finit par le trouver dans une grange, penché sur une machine agricole, mais tout prêt à engager la conversation. «Mes parents sont venus sur le plateau à la fin des années 1970 par l’intermédiaire des Comités Larzac. C’était dans l’air du temps; ça leur a plu et, après l’abandon de l’extension du camp militaire en 1981, ils sont revenus et on leur a attribué la ferme abandonnée de Saint-Martin.»

Au départ, c’était dur, la ferme était en ruines, sans eau ni électricité, mais le couple a tenu bon, comme beaucoup d’autres. Lui est né en 1988, a grandi «là-dedans » et, après le décès accidentel de son père, a dû s’impliquer dès ses 15 ans dans l’élevage des brebis laitières. Cela ne l’a pas dégoûté, au contraire. «Je ne me voyais pas faire autre chose. J’ai fait le lycée agricole à Saint-Affrique, puis un an de mécanique agricole à Villefranche-de-Rouergue. En 2009, la ferme des Baumes s’est libérée, donc j’ai postulé à la Société civile des terres du Larzac pour la reprendre et faire un Gaec avec la ferme de ma mère et de son compagnon. L’organisme me l’a attribuée, à une voix près.»

La Société civile des terres du Larzac ou SCTL est une structure unique imaginée après les dix ans de lutte contre l’extension du camp militaire. Il s’agit d’un système de bail emphytéotique dont le gouvernement a confié la gestion à la population agricole présente sur les terres concernées.

Un système de gestion des terres atypique

Depuis 1985, chaque membre de la SCTL dispose d’un bail de carrière, c’est-à-dire courant jusqu’à sa retraite. Après, elle ou il devra quitter la ferme. Mais la personne qui suivra lui aura versé une «valeur d’usage», différence entre la valeur de l’exploitation à l’entrée et à la sortie. Cette valeur de reprise, très variable selon les biens et calculée par la SCTL selon une série de critères, est une façon d’encourager les paysans à investir et à rénover la ferme. Les maisons disponibles non liées à une exploitation sont également attribuées en priorité aux éleveurs à la retraite qui le souhaitent, mais aussi à des non agriculteurs, via des «prêts à usage» (gratuits), à charge pour les bénéficiaires d’entretenir ce patrimoine.

Aujourd’hui, la SCTL est divisée en quatre-vingt-dix parts environ et fonctionne avec un conseil de gérance de onze membres élus pour six ans. S’y ajoute le GFA, groupement foncier agricole qui gère les 1.200 hectares que des milliers de personnes (acquises à la cause) avaient achetés pendant la lutte par petites parcelles, pour entraver les achats de l’État.

Avec ce système, ingénieux mais complexe, le plateau a vu le nombre de ses exploitants agricoles augmenter de plus de 20% par rapport à 1970 (alors de 107 exploitants) et tous ses hameaux, maisons et corps de ferme réhabilités. Lorsqu’une ferme se libère, si le propriétaire n’a pas de famille ou de succession évidente, le conseil de gérance doit généralement trancher entre plusieurs offres car le Larzac attire toujours . Bien que sa mère soit une cogérante très impliquée, la candidature de Romain Galtier a ainsi été mise en concurrence avec trois autres projets. Et s’il ne l’a emporté que de justesse en assemblée générale, c’est parce que certains voyaient, dans son projet commun avec la ferme de sa mère, une forme d’agrandissement –ce que la SCTL cherche à éviter, pour maintenir le nombre des exploitations.

Un lait bio rentable et des baux de carrière bon marché

Romain Galtier est l’exemple parfait de la relève larzacienne. S’il n’a pas vécu «la lutte», il en a été nourri et ne cherche qu’à poursuivre le travail déjà accompli. «Il y avait tout à faire quand j’ai repris les Baumes: l’ancienne fermière n’y arrivait plus. Les terres étaient en friche, la bergerie prenait l’eau, la maison était en mauvais état, il n’y avait plus de salle de traite. Mais c’est aussi ce qui m’a permis de ne payer que 18.000 euros de valeur d’usage.» Lui et sa compagne ont fait les travaux. «Je suis mécano, électricien, maçon, plombier! Un peu moins éleveur ; je laisse ça à ma mère et à mon beau-père !». Pour refaire la salle de traite, il a emprunté 120.000 euros. «J’ai 30 ans cette année et j’aurai bientôt remboursé mes emprunts. Pas mal, non ?», se réjouit-il. Le principe du fermage lui convient à merveille: «La terre est à celui qui la cultive, c’est un outil de travail! Je préfère mettre de l’argent de côté plutôt que de m’être endetté pour devenir propriétaire. Et quand je serai vieux, je me trouverai une bicoque près de la rivière et j’irai à la pêche.»

Sur leurs 500 hectares, lui et ses deux associés n’élèvent que 298 brebis, «mais c’est déjà trop !». La brebis laitière bio du Larzac rapporte bien, selon lui. Avant, l’eldorado c’était de vendre à Roquefort. Mais depuis le rachat du célèbre fromage par Lactalis, les prix ont baissé et il préfère donc vendre sa production bio à la coopérative fromagère des Bergers du Larzac (une des très belles réussites larzaciennes, créée en 1996 par un dynamique transfuge de la région parisienne venu s’installer en 1981, André Parenti).

La relève, Marlène et Florian Orange l’incarnent eux aussi. Ils sont arrivés en 2008 de Mayenne. Ils cherchaient à s’installer, ont mis une annonce dans le journal de la Confédération paysanne (syndicat agricole marqué à gauche) et Léon Maillé, un éleveur historique du Causse dont les enfants n’ont pas souhaité reprendre sa ferme de Potensac, les a appelés. «L’offre était attrayante, reconnait Florian Orange: un bail de carrière, donc très sécurisé, au plus bas des barêmes préfectoraux [comme pour tous les baux SCTL, ndlr] pour 250 hectares, sur lesquels on pouvait faire pas mal de diversification.»

En 2008, les Orange avaient déjà 35 et 37 ans et quatre enfants. «On a emprunté 60.000 euros pour reprendre la valeur de la ferme et du troupeau de 180 brebis, et on a investi chaque année, tout en réussissant à nous dégager un salaire, car le lait bio est très porteur», souligne Florian Orange. Il en livre une partie au groupe Triballat et transforme l’autre en fromages vendus à la ferme, le tout générant un chiffre d’affaires annuel de 160.000 euros. Pour lui, la gestion foncière collective type SCTL (sa femme est au conseil de gérance) a de l’avenir: «Elle permet d’installer facilement des jeunes, qui n’ont pas à subir le poids du foncier et peuvent étaler leurs emprunts bancaires grâce à la durée des baux».

Défendre son dossier pour reprendre la ferme

C’est ce mécanisme qui a permis à deux trentenaires de reprendre la ferme des Homs, près du hameau de Montredon. Une bergerie où Pierre-Yves de Boissieu, arrivé sur le Causse dans les années 1970, s’était installé, avant de la reconvertir dix ans plus tard dans la production et la transformation d’herbes aromatiques: plantes séchées, vinaigres et sels aromatisés et, surtout, apéritifs, dont le «pastis des Homs». Marion Renoud-Lias et son compagnon Romain Debord se sont rencontrés à l’ISARA (Institut supérieur d’Agriculture) de Lyon. Lui est originaire de La Cavalerie (principal village du plateau) et a entendu dire en 2015 que Pierre-Yves de Boissieu et sa compagne partaient à la retraite et cherchaient un repreneur. «Nous avons déposé un dossier, raconte Marion. Quelques candidatures avaient échoué avant la nôtre. La SCTL a passé beaucoup de temps sur ce cas très atypique, notamment parce qu’en plus de la valeur d’usage des bâtiments, il fallait racheter la société créée par nos prédécesseurs, avec les marques, les recettes, la clientèle, le site internet…». Quant aux agences bancaires locales, «elles ne connaissent rien au fonctionnement de la SCTL».

Malgré tout, Marion et Romain sont parvenus à convaincre qu’ils pourraient se dégager deux SMIC d’ici quatre ans et ont repris la ferme en 2016, après quelques mois de formation avec les anciens fermiers, partis ensuite habiter Millau. «Au début, ça a été dur pour eux, reconnaît-elle. Après tout, ils ont dû nous céder l’œuvre de leur vie. Ils espéraient rester sur le plateau dans une maison non agricole de la SCTL, mais cela n’a pas pu se faire. Ce sera plus facile pour nous, car les règles sont désormais claires: on sait qu’on doit préparer la suite, on en parle déjà.»

Depuis deux ans, le couple, qui a un jeune enfant, travaille très dur pour rénover la maison et les bâtiments et fabriquer en flux tendu, dans leur petit labo, la gamme de produits qu’il vende à la boutique et sur internet, sans oublier la cueillette, l’élaboration de nouvelles recettes etc. Pourtant, «on n’aurait pas pu rêver mieux», dit Marion en évoquant les garanties, la sécurité et l’entraide. «Les choses sont assez bien pensées, ajoute-t-elle, pour éviter la spéculation et les abus»: un fermier a ainsi le droit de consommer son bois, mais pas de le vendre; s’il n’utilise pas ses terres, il doit les rendre à la SCTL.

Florian Orange. | Photo Anne Denis.

Romain Galtier. | Photo Anne Denis.

Marion Renoud-Lias devant le séchoir pour les plantes aromatiques. | Photo Anne Denis

Des tensions et des dilemmes

Si, jusqu’à présent, les transmissions se sont faites plutôt facilement, les choses commencent à se compliquer avec le départ de nombreux historiques de la lutte arrivés tout jeunes néoruraux pendant ou juste après les dix années de lutte. «On est en pleine réflexion, soupire Roman Galtier. Qui installer, où et pourquoi? Pour quelles valeurs d’usage ? Faut-il reloger les retraités ?»

Les jeunes s’agacent parfois de la réticence des anciens à passer la main. De leur côté, certains historiques reprochent à ces jeunes leur absence de militantisme ou regrettent, lorsque c’est le cas, que leurs propres enfants ne se soient passionnés ni pour leur ferme, ni pour leur lutte. Beaucoup de ces vétérans ont conservé une activité politique ou militante. Tel, évidemment, José Bové, ancien porte-parole de la Confédération paysanne et expert en coups médiatiques anti-malbouffe, anti-OGM ou anti-mondialisation qui lui ont valu procès et incarcérations, avant de devenir député européen; tel, aussi, Christian Roqueirol, 62 ans, éleveur d’agneaux, ancien élu de la «Conf» lui aussi, toujours membre de Via Campesina et toujours aussi activiste. «Ils ont été avant tout de grands militants syndicaux et politiques, constate Florian Orange. Nous, nous sommes différents: il y a d’abord la ferme, puis la vie de famille et seulement après, vient le militantisme.»

Mais la raison des tensions n’est sans doute pas à chercher du côté d’un conflit de générations. Florian Orange met les pieds dans le plat avec flegme : «La SCTL fonctionne très bien du point de vue agricole. Mais elle accorde aussi de plus en plus de prêts à usage de maisons non agricoles [aux retraités mais aussi à des artisans ou des artistes, ndlr]. Cela apporte une plus-value au territoire mais je pense quand même que l’on devrait limiter le nombre de droits de vote par maison [jusqu’à présent, chaque habitant d’une maison peut demander une part, ndlr] pour que les agriculteurs restent maîtres de la SCTL».

Ces membres non paysans ne sont pas majoritaires (le conseil de gérance n’en compte d’ailleurs que trois pour huit fermiers) mais ils sont souvent les plus politisés, et parfois dotés de ce que certains vétérans appellent avec agacement «la mentalité zadiste». «Disons qu’ils sont plus alternatifs, poursuit Florian Orange. Mais moi, je veux travailler sur des problématiques agricoles et de territoire, et non sur des problématiques gauchisantes. Si on laisse certains s’affranchir des règles, on risque de casser notre jouet SCTL», prévient-il. Romain Galtier est plus nuancé: «C’est vrai qu’il ne faut pas miter notre milieu pastoral. Mais d’un autre côté, l’école primaire du Larzac [créée en 1973 pendant la lutte, ndlr] ferme cette année parce qu’il n’y a plus que huit enfants tous niveaux confondus. Donc, accueillir ces artisans, ces artistes et leurs enfants, ça fait aussi vivre le pays!».

Quand la Légion arrive

La conjonction de deux événements récents a cristallisé les tensions: d’une part, l’arrivée en 2015 de la 13e demi-brigade de Légion étrangère sur le camp militaire du Larzac a redonné une poussée de fièvre aux plus allergiques à l’armée, au premier rang desquels Christian Roqueirol: «On a été nombreux à prendre cette décision comme une gifle, raconte-t-il. Je pense que l’armée a voulu prendre sa revanche sur 1981. C’est un scandale de dépenser des dizaines de millions d’euros pour rénover et construire des bâtiments militaires alors que la région manque de services publics et qu’on y ferme des hôpitaux». La déception est rude pour ceux et celles qui espéraient voir fermer la base militaire, devenue selon Christian Roqueirol un simple camp d’entraînement, où ne stationnait plus qu’une soixantaine d’hommes, hors manœuvres. Rien à voir avec un régiment installé comme celui de la Légion, devant à terme compter 1.300 hommes de plus de soixante-dix nationalités, et les familles de bon nombre d’entre eux.

Depuis, le soufflé est retombé, les légionnaires limitant, semble-t-il, leurs sorties du camp en uniforme, et une bonne partie ayant passé les derniers mois au Mali. Beaucoup d’élus locaux et d’habitantes et habitants de La Cavalerie, base du camp, sont en outre très satisfaits du regain économique attendu, bienvenu dans cette région rude et peu peuplée. Un collège devrait ouvrir à La Cavalerie pour les enfants des légionnaires, mais ceux des Larzaciens pourront aussi en profiter.

Pourtant, sur le plateau, les crispations demeurent car, face aux purs et durs, bon nombre de vétérans de la lutte du Larzac n’ont pas bougé voire ont considéré, comme Léon Maillé et José Bové, que l’arrivée de la Légion était un non événement, puisqu’aucune extension n’était prévue. De quoi exaspérer le petit collectif d’opposants baptisé «Gardem lo Larzac» (Gardons le Larzac en occitan, en référence au mythique slogan «Gardarem lo Larzac» des années 1970). Ces points de vue opposés ont généré des prises de bec, parfois par presse interposée, et des tensions durables, d’autant que Bové a été le compagnon d’armes de Christian Roqueirol. «José et moi, nous sommes allés en prison plusieurs fois ensemble, nous avons travaillé en Gaec pendant six ans. On est donc proches mais là, on n’est vraiment pas d’accord!»

Vendre son bois à l’ennemi?

Le second facteur de tensions concerne Les Bois du Larzac, une association montée en 2013 par la SCTL, le GFA et quelques fermiers. Objectif: endiguer la propagation du pin sylvestre qui colonise les parcours des brebis et menace le paysage ouvert caractéristique du plateau. Pour valoriser les arbres abattus, l’association s’est donc lancée dans la production de plaquettes forestières, qui servent déjà à chauffer des particuliers et à alimenter les réseaux de chaleur des hameaux de Saint Martin et de Montredon. Jusque-là, tout va bien. Sauf que, justement, la Légion étrangère réfléchit depuis son arrivée à l’installation d’une chaudière à bois déchiqueté. Quand Christian Roqueirol l’a su, son sang n’a fait qu’un tour. Il a assitôt soulevé la question –peut-on vendre des plaquettes à l’armée?– auprès de l’association Bois du Larzac qui, faute d’accord, l’a soumise à l’assemblée générale de la SCTL, au printemps dernier. Et celle-ci a voté majoritairement contre. Outre un petit groupe d’historiques, beaucoup de jeunes recrues de la SCTL ont en effet refusé de vendre à l’armée.

«On s’est tiré une balle dans le pied, puisque la Légion ne nous avait encore rien demandé», fulmine Romain Galtier, qui est aussi secrétaire des Bois du Larzac et redoute de voir le travail fourni depuis quatre ans mis à bas par ce blocage. Car le problème, c’est qu’une vaste plate-forme de stockage des plaquettes, équipée de panneaux solaires (350.000 euros d’investissement) a été construite et que, pour la financer, l’association s’est ouverte à des collectivités. Or l’une d’elles, une communauté de communes, a déjà manifesté sa désapprobation en conditionnant le maintien de son apport financier à la non-discrimination de clients. La crainte est donc de voir d’autres financeurs retirer leurs billes.

La plupart des personnes rencontrées, bien qu’antimilitaristes, sont consternées par ce refus : «C’est une question purement idéologique, lâche Florian Orange, une querelle entre pragmatiques et dogmatiques».

Débat idéologique

Christian Roqueirol riposte : «Mais oui, c’est un débat idéologique, un débat d’idées! Ceux qui ont voté non l’ont fait car ils portent les valeurs d’un monde sans armes, non violent. On ne doit pas se vendre à l’armée, on n’en a pas besoin, on trouvera d’autre clients. Je pense qu’il faut toujours garder une ligne idéologique ferme!». Même si, précise-t-il, il est très favorable à l’activité de plaquettes et s’y est investi dès le départ.

À ce débat idéologique s’ajoutent, peut-être aussi, de simples conflits de personnes. José Bové, qui s’est beaucoup impliqué dans le développement des Bois du Larzac, est une figure tutélaire du plateau et, fort de son aura, reste très influent. Peut-être trop au goût de certains. Il a certes pris sa retraite d’éleveur lorsqu’il a été élu député à Bruxelles en 2009, et laissé à ses associés sa ferme de Montredon. Mais il est resté jusqu’à ces derniers mois cogérant de la SCTL, d’où il a obtenu carte blanche (dixit Christian Roqueirol) pour négocier avec l’État le renouvellement du bail emphytéotique. Avec succès, d’ailleurs puisqu’en 2013, le bail qui devait s’achever en 2045 a été prolongé jusqu’en 2083.

José Bové rentre régulièrement en fin de semaine à Montredon; il y a acheté quelques centaines de mètres carrés à l’arrière du hameau pour y faire construire sa maison, où il nous a reçus. Il ne nie pas que la gestion collective du foncier risque d’être plus difficile à l’avenir. «Nous, on s’est construit avec ça, c’est notre histoire syndicale. Les jeunes qui s’installent ne sont pas tous issus du milieu rural, ils ne se rendent pas forcément compte que ça reste un combat permanent.» Concernant les Bois du Larzac et l’hostilité majoritaire à faire de la Légion un client, «cette histoire casse la dynamique, regrette-t-il. Mais j’espère que la raison va l’emporter. Il y a ceux qui veulent rester sur le cercle restreint de notre territoire et il y a nous –un certain nombre– qui disons : “on avance”.» La dispute entre les Anciens et les Modernes ne semble pas près de s’achever. C’est peut-être un risque pour la pérennité du modèle du Larzac ou, au contraire, une preuve de sa vitalité. On le saura dans quelques décennies.





2022-07-15T10:08:50+00:00